Il est d’usage, pour présenter un directeur, de citer son parcours scolaire, ses antécédents vocaux, sa vaste formation musicale, et surtout, sa longue liste d’œuvres classiques ou de création dirigées avec maestria. En rien notre chef ne s’identifie à ce modèle. L’humilité, la ténacité, la volonté, l’amitié, l’émotion, constituent le terreau dans lequel aujourd’hui Pierre-Elie porte ses fruits.
Une sensibilité à fleur de peau lui permet de transpirer les sentiments qui l’habitent. Emouvoir parce que l’on est soi-même ému, être et chanter vrai, laisser le “joli” pour tendre vers le beau, communiquer un message commun, voilà des leitmotives qui conditionnent la performance directoriale de notre chef. “C’est mieux, mais faites-le en chantant maintenant” ou “Vous pourriez essayer de le faire ensemble” alors que pour la nième fois nous reprenons ce passage, ni techniquement difficile, ni même dissonant. Que de fois ce genre de petites phrases ne nous ont-elles pas été assénées? Convaincu que le mieux est toujours possible, mais conscient aussi de toutes les barrières limitant la progression, en autodidacte, et aussi, parfois, en opposition avec ses pairs, Pierre-Elie aspire à inculquer à son chœur une telle intériorisation du mouvement d’une pièce que celui-ci peut l’interpréter sans chef parce qu’il ne l’a effectivement pas seulement dans la peau mais dans les “tripes”.